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AINANOCAN

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15 mars 2010

Actualisation

Le blog se refait une jeunesse.

A suivre. 

Propuesta2

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2 novembre 2008

Aller et retour

Nous revenons sur nos pas, avec entre les mains la possibilité de poursuivre.

Ainanocan va continuer de naître, grandir, et donner forme à une pensée qui soit la nôtre, partagée avec cette famille planétaire qui se dédie à reconstruire le grand jardin global. Nous avons l'opportunité d'apprendre à vivre avec la pensée de tous, et d'unir nos forces, et surtout de nous rendre compte que nos forces sont unies, pour aller vers, aller vers...

Sur le chemin de Yumartán nous ne comptons plus les détours. Et ils seront encore nombreux ; mais toujours ils seront semés d'orquidées. La route est à tracer. Après ce temps de travail, un autre arrive. Nous avons à trouver et retrouver les fleurs dont le nectar doit nourrir notre croissance. Imaginer notre communauté et lui rendre sa mémoire. Reconstruire nos légendes, raconter de nouveau d'où nous venons.

C'est cela, une belle histoire dont nous faisons tous partie. Tsmin ka... Pour que dans le mystère, tout soit clair à nouveau.

Asle pay ainanocan.

23 octobre 2008

La Minga du Colibri Jaune

« Depuis toujours nous avons cette intuition qu'il y a quelque chose derrière le « faire », quelque chose de subtil qu'il est presque impossible de nommer. C'est cela qui nous anime dans cette école : connaître le connaître. Le Plan Vital est plus une manière d'être qu'un simple projet. »

Nous avons rejoint ce matin les chaudes régions du Valle del Cauca, accueillis à Cali par nos amis artistes, dont nous savons qu'ils sont partie du processus, d'aussi loin qu'il n'y paraisse ils sont avec nous sur le front du changement dans ce pays.

Avant de quitter la Vallée de Sibundoy nous avons passé deux jours dans la réserve naturelle qui est en quelque sorte le support de base de tout le travail d'éducation environnementale de l'Ecole Panamazonia : la Rejoya, le « super joyau », 300 hectares de forêt des nuages, à treize kilomètres de Colon, au coeur de la cordillère du Bordoncillo.

Une forêt « primaire ». Il faut imaginer ce que les forêts ont pu être avant que l'homme ne passe par là. Une forêt d'arbres plus pleins de vie qu'un pays entier. Mousses, lichens, le règne nuageux des épiphites, bromeliacea, orchideacea, et des lianes qui en entourant des arbres et en s'entrelaçant les unes les autres, parviennent à construire des architectures vivantes et enchantées. Un silence fantastique en ces temps de pluie, tout au long du chemin, juste rompu au début par le vol subtil de centaines de papillons, puis par le ruissellement des eaux.

Le fil de la cordillère.

« Tout ce qui va par là, se jette dans le Pacifique, et tout ce qui va par là, se jette dans l'Amazone et l'Atlantique. »

Puis qui s'approfondit dans le paramó, théâtre majestueux, mystérieux et humide, des êtres frailejones, des fleurs bleues émeraudes de quatre mètres de haut, des aigles et des canards sauvages.

Puis que se densifie, en pénétrant dans la plus grande forêt du monde, la jungle froide des hauteurs andines, mariée par les montagnes aux chaudes étendues de la plaine amazonienne.

Dans ce sanctuaire d'orquidées, où il y a plus d'espèces dans un seul arbre centenaire que dans toute la France, nous pouvions sentir peu à peu les traces d'années de labeur de toute une famille unie autour de l'amour de ces terres uniques au monde, qui parlent de richesse primordiale, de générosité féconde entre les forces de la nature, de rencontre entre les peuples, qui racontent toutes les grandes crises de notre planète.

Le processus de l'Ecole Panamazonia est avant tout familial. Comme tout mouvement, il est né de la force d'engagement de quelques uns. Aujourd'hui nous nous en reconnaissons héritiers. Nous nous rendons compte désormais, au terme de ce mois de travail, de conversations, de réflexions et parfois de silences pesants, que ce projet est une union plus qu'une alliance, une amitié plus qu'un partenariat, une fête plus qu'un projet. Un mystère plus qu'un travail.

Dimanche, nous avons eu la joie de voir se réunir les Mindalas : un groupe de jeunes de tout le pays, liés depuis longtemps au processus Panamazonia, qui sont précisément à l'origine du Plan Vital. Et la Plan Vital est partout, pour nous tous, car nous en sommes tous là. A chercher le souffle du Colibri, la vision ronde du Taita Ilam, la grande aventure de Waira Nina à travers les temps. A reconnaître en nous le sentiment qu'éveille une orchidée. A chercher comment faire.

Nous sommes conviés à passer d'une pensée linéaire à une pensée radiale, d'une réflexion logique, à une réflexion dialogique. Dans le temps, tout à lieu. Cette réflexion sur le comment est d'une portée sans limite ; elle organise toute action ; elle donne sens ; elle est le terme de notre action, à chaque instant.

Au cours de ce mois de travail nous avons élaboré deux conventions de partenariat entre l'association AINANOCAN et la fondation BYAE. La première est une convention cadre, d'une durée illimitée, qui donne les grandes lignes de fonctionnement et les objectifs de otre alliance. Cet accord, nous l'avons intitulé « MINGA DU COLIBRI JAUNE ». 

Dans la cosmovision native de Quindicocha, il est dit que lorsque la pensée, le corps, le sentiment et l'esprit s'harmonise en une action juste, alors l'humanité est fécondée, et retrouve l'ordre universel. La Minga du Colibri Jaune n'a pas d'autre finalité que de trouver cette équilibre entre la pensée, le corps, le sentiment et l'esprit, autour de quelques projets... Mais la Minga du Colibri Jaune a lieu à tous les instants.

La seconde convention est une convention spécifique, qui concerne le programme de planification, construction et mise en oeuvre du Havre Ecologique, comme centre de recherche et d'éducation alternative. Elle a pour durée deux ans, et organise le fonctionnement de ce programme en particulier.

A voir si nos autres, là bas, chenilles que nous sommes, nous saurons trouver les fleurs et plantes qui nous alimenteront pour devenir ces papillons bleus, dont parle le Taita Ilam...

23 octobre 2008

La Marche pour la Madre Tierra

A l'heure d'écrire ces lignes, 12 000 indiens paeces, guambianos, yanakonas, marchent vers la ville de Santiago de Cali, pour la libération de leurs terres ancestrales.

Sous le feu de la répression organisée par Uribe.

Por favor, apoyen :

www.avaaz.org/es/derechos_indigenas_colombia

Asle pay.

17 octobre 2008

En este mundo...

En este mundo
Donde vivo Yo
Todita la gente
Busca el amor

Para morirse, para nacer
para reirse, para crecer

Todito lo busca
Y solo lo vera
Aquel que ha aprendido
que el amor esta...

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17 octobre 2008

Plan d'Action

Notre mission s'achève.

Nous partirons demain pour Pasto, où nous avons quelques rencontres de prévues avec les pères et mère de Panamazonia, puis nous rejoindrons Cali en début de semaine.

En réalité notre travail ne fait que commencer. Nous avons une montagne de données à synthétiser et organiser. Nous espérions pouvoir faire cette restitution de l'enquête avant le départ, mais le temps imparti et l'énergie même de cette région ne nous a pas permis de prendre le recul nécessaire pour des observations et des analyses pertinentes de ce que nous sommes en train de faire, et surtout de comment nous sommes en train de le faire.

La Colombie a ceci de particulier qu'elle invite à un flottement, plus ou moins discret selon la température : plus il fait chaud, plus l'on tend à se laisser aller. Sous des apparences anodines, ce phénomène est une des données fondamentales du problème que constitue l'idée de « coopérer »...

Nous avons donc décidé que la restitution se fera en notre absence, après que nous ayions dépouillé l'enquête et formulé une conclusion.

Il nous reste, pour les trois journées à venir, pas mal de pain sur la planche ; diverses conversations en attente, interrompues inopinément de ci de là, et qu'il sera convenable de terminer ; un dernier coup d'oeil aux conventions que nous avons élaboré, avant approbation et signature ; cinq ou six enquêtes parmi les plus précieuses que nous pourrons obtenir ; etc...

Et une promenade volcanique, au pied du Galeras...

Notre réflexion se tourne désormais vers la définition d'un plan d'action pour les six prochains mois - grossièrement de novembre à avril, trois mois de préparation et trois mois opérationnels. Quelles priorités à Buenoy? Achat de terres? Reforestation? Quelle stratégie en France, en Colombie? Quelle dynamique de travail entre ici et là bas? 

Et en France, quels sont les conséquences que nous pouvons tirer de cette première mission?

« Pour savoir comment valoriser son identité, sa spécificité, sa différence, il faut aller ailleurs... »

 

11 octobre 2008

En quëte de sol...

        Il y a eu un défaut de publication, cet article date du jeudi 2 octobre, mais n'a pas été correctement posté.
Le voici.

 « Personne ne peut mieux résoudre les difficultés rencontrées par un quelconque groupe humain, hormis ses membres, à condition qu'ils prennent conscience et se forgent les instruments nécessaires par une dynamique culturelle, progressive et collective qui les rende à nouveau actifs. »

 Jaime-Alberto Perez

Se souvenir de ce que doit être le Havre Ecologique : un lieu par tous et pour tous, pour la réintégration de la communauté Alto-Putumayense...

Autrement dit, rafraïchir un peu la dimension collective du Plan Vital en le mesurant à la vision actuelle du territoire, que nous recueillerons auprès de quelques échantillons de la population.

L'enquête participative est un outil destiné à tracer les contours de la base sociale d'un projet, quel qu'il soit. Elle consiste en une hypothèse, que nous affirmons en tant que porteurs de projets, et à laquelle nous essayons de répondre par oui ou par non à travers cinq questions, adressés à des publics ciblés, des personnes clés, des bénéficiaires ou des partenaires potentiels du projet.

Notre hypothèse, est la suivante :

« Il y a dans

la Vallée

de Sibundoy des personnes qui reconnaissent la crise dans laquelle se trouve le territoire, et qui sont disposés à travailler ensemble pour imaginer et expérimenter des alternatives de développement territorial : écologie, production, subsistance, économie, éducation... Le Havre Ecologique est une proposition pour unir ces personnes et mettre en oeuvre leurs propositions. »

Nous avons choisi quatre grands publics, avec à chaque fois des personnes clés, que nous espérons représentatives : les personnes et familles investies dans le processus de l'Ecole Environnementale depuis plusieurs années (orchidées, éducation, fermes écologiques...) ; les communautés indiennes ; des étudiants et professeurs de l'Institut Technologique du Putumayo, université de Sibundoy ; et quelques personnes du « Conseil Directeur du District de Drainage ».

Quelques mots sur le district de drainage, ça nous donnera l'occasion de faire un peu d'histoire. C'est un concept que l'on utilise ici lorsque l'on veut parler du sol de la vallée, en tant que tel. Il a vu le jour dans les années 60 quand l'institution gouvernementale INCORA, dépêchée par l'Etat pour un vaste programme national de réforme agraire, a déboulé dans la vallée avec sous le bras un méga projet d'habilitation du sol pour l'élevage extensif. A cette époque la vallée était au ¾ inondée. Un lac, si vous préferez. Entouré de forêts.

Ils l'ont séché, le lac. Pour leur révolution verte, ils ont construit des canaux, trois exactement, pour drainer les eaux « excédentaires » vers un col montagneux, une embouchure fluviale appelée ici la « garganta de Balsayaco », la gorge de Balsayaco.

C'aurait pu être un chantier très positif pour la population, qui au demeurant, en a bénéficié. On dit ici que ce projet n'a pas son égal dans le pays, en termes de dimensions et de coût. Pour sûr : entretien des canaux, construction des écluses, maintien des niveaux phréatiques... C'est peut-être pour ça que ce chantier est resté inachevé. Trop cher.

Mais surtout parce qu'en asséchant toute cette partie plane de la vallée, les ingénieurs de l'Incora se sont rendus compte que le sol n'avait pas fini de se former, un sol volcanique et sédiementaire très jeune, potentiellement très fertile, mais très fragile. Inadapté au piétinement tranquille de quelques dizaines de miliers de vaches...

Et aujourd'hui le gouvernement demande à ces mêmes familles qui aujourd'hui, grâce aux services de l'Incora, vivent de la production laitière, de protéger ces sols. On croit rêver, mais n'est-ce pas le pain quotidien de l'absurdité moderne?

S'il avait été terminé, ce chantier aurait effectivement changé la vie de la population locale, en leur permettant l'accès à des sols riches, en leur évitant l'enclavement hivernal... Mais son abandon a eu des conséquences bien pires encore : les pluies transportent des sédiments de toutes les montagne qui entourent la vallée. Les canaux se remplissent de sable à moitié, et la gorge de Balsayaco se bouche. Ainsi, faute d'entretien régulier, en période de pluie, la plaine s'inonde à nouveau, l'eau privant le bétail de pâturage et amenant son lot de vermines...

Seule solution rationnelle et viable – finir le chantier est hors de question : reboiser, protéger le sol et les eaux, renourrir la plaine, lui donner le temps de finir son sol, tout en aménageant des espaces pour le bétail.

Ici, on appelle ça un miracle.

8 octobre 2008

Développement du rable

Notre enquête continue. Son analyse aussi.

Après deux semaines sur le terrain, quelles sont les observations que nous avons déjà systématisé, qui pourquoi pas nous ouvre sur une ébauche de conlusion, une question...?

D'après la petite douzaine d'entretiens que nous avons recueillis dans notre travail de rafraîchissement du Plan Vital, la première partie de notre hypotèse est juste. Quasi unanimement, les personnes reconnaissent que la région est soumise à des tendances assez graves, et qui surtout, tendent à s'accélerer, à s'accentuer. Certaines sont plus souvent citées que d'autres, selon l'origine et généralement l'occupation principale de notre interlocuteur. Mais jusqu'à présent, il y a une tendance que tous ont relevé et souligné : les entreprises de captation financière qui ont surgi depuis un an comme un phénomène puissant. Consensus, au moins quant à leur importance dans la dynamique économique actuelle, car d'aucuns sont pour et trouvent ça vraiment formidable, et d'autres s'en inquiètent...

Après dix ans de développement, deux entreprises de ce type fleurissent en Colombie, et surtout dans le sud : le DMG et le DRFE. Elles s'appellent elles-mêmes « entreprises de projection » : le particulier investit une somme que l'entreprise se charge de placer sur le marché international des valeurs, pour le faire fructifier. En un mois, monsieur X revient chercher jusqu'à 150% de la somme de base... Comme une banque, mais considérablement accéléré. Les banques qui d'ailleurs ont récemment dénoncé cette concurrence en lançant des rumeurs menaçantes pour les contribuables. Bien loin de perdre confiance, la population a manifesté pour que le gouvernement défende ces entreprises : des miliers de personnes, dans les rues de toutes les villes du sud...

Oui mais voilà. Serait-ce que la population est préparée pour ce type d'économie alternative? Qu'est-ce que cela donne quand de telles sources de revenus sont destinées à consommer de la technologie, du confort et du luxe...?

Certains paysans ont vendu les vaches, ont vendu la ferme, pour placer là leur pactole et vivre de leur rentes en réinvestissant sans arrêt une partie des gains. Pourquoi pas après tout, c'est ce que font les actionnaires et les petits porteurs, sauf qu'ils sont beaucoup plus riches et beaucoup moins nombreux. Il faut voir la queue, tous les jours à Sibundoy, aux portes du DRFE...

Mais cette affluence couve une catastrophe en puissance : les mentalités évoluent vite, les gens d'ici cessent de travailler. Et certains craignent que très bientôt un manque de nourriture ne se fasse sentir du fait de l'abandon de la production par les paysans. Cela engendre aussi une ambiance de compétition sociale sordide, la plus fine crème de ce que le capitalisme a pondu chez les êtres humains...

Il y a aussi que des routes pavées sont en train de se construire pour accéder à la Vallée, depuis Pasto et depuis Mocoa. Au prix parfois de vastes espaces naturels préservés, et de vestiges importants de l'organisation précolombienne du territoire. Ces routes vont être les artères d'une affluence extérieure importante, au plus grand bénéfice de l'économie locale et de la population.

Mais aussi le coup de grâce porté à ce qui reste d'autonomie et de protection de l'identité de la Vallée. Ces méga-projets de développement ne se font en aucun cas en appelant la population à investir collectivement dans la demande de services que ces nouveaux visiteurs vont générer.

La vie économique se désagrège peu à peu dans cette région. Il règne ici une atmosphère compétitive, individualiste, « immédiatiste », accentuée par des années et des années de corruption politique et religieuse. La population s'est habituée à favoriser l'intérêt personnel et le desinvestissement des problématiques collectives. L'histoire montre à quel point une des armes pionnières du « développement » et de la modernité est de susciter la dépendance, l'oisiveté, la passivité au devant des « pourvoyeurs ». Et le mouvement économique actuel ne fait qu'empirer les choses...

D'où que la deuxième partie de notre hypotèse, pour l'instant, n'obtient pas confirmation... En un an la vie communautaire dans la vallée à considérablement périclité. « C'est un véritable changement de culture », nous disait Gabriel Barrera, vendredi.

Confontés à une modernité terrassante, même les « communautés » indiennes, réduites plutôt à l'état de noyaux familiaux, essayent de monter leur petite entreprise, pour ceux qui ont encore conscience de la richesse de leur culture et qui veulent la valoriser, et de dégager des ressources pour survivre dans un tissu social en complète mutation...

A mi-parcours, pas de conclusion, beaucoup de questions, mais surtout un constat : le Plan Vital Quindicocha, tel que conçu, est un défi, plus considérable encore que ce que nous avions imaginé jusque là.   

26 septembre 2008

Amarun

« Il y eu un temps où les créatures ne savaient pas communiquer entre elles. Le poisson jaillissait hors de l'eau, les feuilles ne savaient pas s'accrocher aux branches de l'arbre, les nuages pleuvaient sur les eaux et les eaux s'enfuyaient vers le ciel. Les hommes et les femmes erraient dans ce désordre. Toutes les créatures se sentaient seules et isolées.
Dans le lac salé de Huasipungo était un oeuf, un gigantesque oeuf d'or. Dans cet oeuf, en gestation, était Amarun, la grande mère Anaconda, qui dans son sommeil prénatal, apprenait tous les langages. Le langage du poisson, des eaux, des nuages, des feuilles et des arbres, des hommes et des femmes. »

 Après avoir traversé la Colombie, Priscilia et moi avons ouvert cette première étape de la mission en arrivant le vendredi 19 septembre à Colón Putumayo, pour une semaine de découverte et de re-prise de contact sur les terres de la Fondation BYAE, activée par l'heureuse présence ici de Karla Velasco, présidente de l'association. Malgré une grippe assaisonnée, nous avons réussi le challenge, épique dans ces régions, de nous mettre au travail sans attendre ni paresser en longues fascinations exotiques. La grippe va mieux, à l'heure d'écrire cet article.  

L'objectif de cette semaine, en plus de nous installer, accomoder et adapter, a été de se donner en peu de jours, une vision à la fois panoramique et précise du projet. Comment en cinq jours découvrir le territoire, sa géographie, son histoire naturelle et humaine, et le processus Quindicocha, de manière claire et concise, pour des nouveaux arrivants ? 

Dès vendredi soir nous sommes réunis pour définir un certain nombre de thèmes à aborder, de sites à visiter, de questions à méditer, et de tâches à accomplir. Nous sommes entrés dans ce travail par l'expérience vécue, quotidienne, la rencontre, souvent fortuite, avec des acteurs territoriaux, ou organisée, avec des personnes ou familles impliquées dans le processus global, et intéressées par le Havre Ecologique.

Au cours de ces quelques jours il nous a été possible de récapituler et décortiquer de grands pans de l'histoire du processus qui a donné naissance à BYAE et au projet du centre environnemental. Et au fur et à mesure de nos discussions, nous avons constaté que, depuis sa conception, le Plan Vital n'a pas connu de véritable incarnation dans la communauté. Les absences répétées des porteurs de projet pour des raisons diverses, des changements structurels, n'ont pas permis son activation. Le Plan Vital, depuis quatre ans, est en suspens... 

Nous sommes allés à Buenoy mardi, le 23 septembre. Le jour était beau et chaud, propice à la marche, et en chemin nous avons commencé un petit repertoire des plantes utiles de la région. Buenoy, où est prévue la construction du Havre Ecologique, est aujourd'hui seulement occupé par quelques chevaux. Une fuite de grande importance au niveau de la prise d'acqueduc entraîne une déterioration du sol et du terrain qui à terme, par infiltration, peut entraîner un glissement de terrain, fréquents dans ces zones de pâturage de fort dénivelé où tous les arbres ont été enlevés. Premier problème...

Nous avons eu dans la montagne une longue conversation, à partir de la simple question : où allons-nous construire la maison? Buenoy comprend deux zones relativement planes où la construction peut être envisagée. Cette question où? comment? quand? nous a amené à étudier de près les conditions actuelles de mise en oeuvre du Plan Vital Quindicocha. 

Pour des raisons complexes – historiques, personnelles, structurelles – le projet du Havre Ecologique est actuellement soumis à un défaut de ressources humaines, auquel s'ajoute de grandes incertitudes quant à la sosténibilité de l'écovillage. L'agriculture, pour des raisons tout aussi complexes, ne peut pas vraiment être envisagée comme facteur de sosténibilité à court terme : expérience, temps, conditions climatiques, nature des sols, etc... C'est la raison pour laquelle le « support économique » de l'ecoaldea serait plutôt de nature touristique. Mais cela soulève le problème de la localisation de la maison, du centre lui-même, du lieu d'accueil : Buenoy est une terre isolée et relativement difficile d'accès. N'importe qui ne peut pas monter là haut... 

De questionnements en questionnements, voici où nous arrivons : nous sommes venus ici pour valider et mettre en oeuvre les conditions de coopération entre BYAE et Ainanocan. En une semaine nous avons jeté un éclairage nouveau et puissant sur la réalité du projet de la Fondation BYAE, qui à défaut de nous permettre cette validation, nous amène à découvrir la nature véritable et opératoire de notre alliance.

Je découvre que le projet de la mission et ses objectifs ont été montés avec une grande perspicacité, merci à nos assesseurs... Nous avons déjà commencé à faire ressortir les éléments déterminants pour la réussite ou l'échec du programme. Aujourd'hui, le problème majeur, voire grave d'un point de vue critique, est que la communauté qui doit supporter et bénéficier de ce projet est fictive, et ne connaît pas de système de communication réel. Mais fictive dans le cadre de ce projet ne signifie pas fictive dans la globalité du système. Disons plutôt que la communauté porteuse et bénéficaire du programme existe, mais qu'elle n'est plus intégrée. 

La validité du projet signifiait jusqu'à présent sa fiabilité administrative, économique, opérationnelle. Désormais, vérifier sa validité signifie plutôt vérifier que le Plan Vital est toujours signifiant au regard de la situation actuelle de la communauté.

La communauté Quindicocha existe sous deux angles. Le premier, en tant que population de cette région panamazonienne, vallée de Sibundoy et versants externes, soit 40.000 habitants. Le deuxième, en tant que regroupement de familles et de personnes se reconnaissant dans l'action de l'Ecole Environnementale Panamazonia (EAP) depuis 1992 et avant... Quindicocha est un nom, le nom antique et traditionnel de cette lagune riche de légendes et d'histoires. Au regard de ce qui vient d'être dit, le projet de coopération Ainanocan-BYAE consiste à permettre que l'une et l'autre de ces « communautés Quindicocha », l'une étant fractale et représentative de l'autre, se reconnaissent comme telles. 

Nous pourrions aussi dire qu'il y a deux niveaux de désintégration : la crise écologico-socio-culturelle décrite et caractérisée par l'EAP et le Plan Vital, et la crise de l'héritage de l'EAP. En quelque sorte, la Fondation BYAE souffre d'une crise de succession... Les groupes de l'EAP, destinés à être réintégrés et recomposés, réinvestis dans le Plan Vital, se sont au cours des quatre dernières années, séparés et orientés dans des directions divergentes – non contradictoires, ou bien sont entrés littéralement en conflit.  

Cela ouvre les portes d'un de nos objectifs principaux : contribuer au développement et à l'animation du lien social pour créer les conditions d'équilibre du Havre Ecologique. La communauté Quindicocha existe, le Plan Vital existe ainsi que ses principaux protagonistes : il ne nous reste qu'à les réinvoquer. Rappel du caractère primordial, prioritaire, du travail communautaire autour du projet Havre Ecologique, incluant les groupes de l'EAP, les communautés indiennes, artisans, taitas, autorités coutumières, et les autres acteurs territoriaux : société civile, institutions, paysans, citadins... Ré-ouvrir le projet à la population. 

Sans le travail communautaire, les ressources pour construire la maison ne seront pas obtenues, car Ainanocan n'a pas d'autre fonction que de soutenir un processus communautaire. Si ce travail est fait la maison se construira d'elle même, collectivement, et avec les ressources et outils nécessaires à son équilibre et sa pérennité. 

Cela consiste donc simplement en se souvenir de la raison d'être du Havre Ecologique. Mettre au monde Amarun...

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12 septembre 2008

Départ

Dans deux jours commence officiellement la mission de coopération AINANOCAN avec la Fondation BYAE. Nous partons pour un mois et demi dans la vallée de Sibundoy, avec pour objectifs de f inaliser la préparation du chantier de contsruction du "Havre Ecologique" (anciennement Chantier Caracol...) et de ramener du matériel photographique, sonore et pédagogique pour accentuer notre action d'information et de formation en France.

La construction du centre environnemental à proprement parler commencera sans doute début 2009. Mais qui sait si nous n'allons pas poser quelques bouts de bois de ci de là...

Cette première étape de la mission a lieu grâce au soutien de l'association TCHENDUKUA "Ici et Ailleurs". Un grand merci à Eric Julien et à toute l'association pour l'aide précieuse qu'ils nous apportent. Aslepay ainanocan...

Merci aussi à tou-te-s ceux et celles qui soutiennent ce projet depuis ses débuts ou qui l'ont pris en cours de route, clin d'oeil au nouveaux venus dans l'association, dédicace à notre nouvelle présidente...
Je nourris une chaleureuse pensée pour toutes les personnes qui ont participé au premier échange avec les Mindalas il y a deux ans : la Brousse, Jean-Claude et Micheline, la MPP, Bernadette, Marie, Fabrice, Guillermo, Catherine, Pierre-Damien, Agnès et leur famille, Gregorio, Lourdes et Guy, là bas au Mexique, Guilaine et Thierry, Romulo et Paula, Anne-Laure, et toute sa classe de l'époque ... Reciban de nuestra parte un abrazo mindalico sonrieterno...

Soyez les bienvenus sur cette page pour suivre régulièrement les nouvelles de Quindicocha. Nous essayerons d'être plus assidus que de coutume, pour vous faire part de l'avancée de ce projet. 

Puisse le temps vous permettre d'en voir et goûter les fruits.

Bien fraternellement
Jeb.

uky_vuela


"C'est comme la vie - un jeu dont le but est de découvrir les règles, qui, pour leur part, changent sans arrêt et restent introuvables."

Bateson.


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