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AINANOCAN
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8 mai 2007

J'y pense

Le 6 mai dernier, aux informations de France Inter à neuf heures, on a pu entendre l'information suivante, que je cite selon la dépêche de l'AP : "211 corps ont été découverts dans des fosses communes au sud de la Colombie, appartenant aux victimes des combat qui fait rage depuis des dizaines d'années dans ce pays. On pense que ces charniers sont nombreux dans le département du Putumayo."

Voilà en somme ce qui a été dit.
Après la consternation et le dégoût que suscite chaque fois ce genre d' "information", vinrent les questions suivantes : qui a découvert ces charniers ? où précisément ? qui en sont les coupables présumés ?

Heureusement que, deux jours plus tôt, avec une classe de troisième pour laquelle j'intervenais dans un collège de Bretagne, pour parler du Plan Vital Quindicocha ( et donc du Haut Putumayo... ) et des actions menées par nos compagnons colombiens sur le front de la paix et de l'écologie, pour parler de la forêt et des indiens, autant de thèmes sur lesquels les élèves avaient travaillé toute l'année dans le cadre d'un projet appelé "Miroir Indien", heureusement que je les avais incité à la prudence concernant la situation en Colombie. Par chance, par flair, par bon sens, je m'étais abstenu de prendre position, ou même simplement de répondre, à leurs doutes,  questions, incompréhensions, et les avais enjoint à se méfier des choses entendues. A bien comprendre que ceux qui simplifient cette situation ont tort.
La simplification n'est pas seulement de réduire un sujet à une vulgarisation imbécile, mais surtout de ne pas en mesurer la gravité. Même les journalistes, qui font semblant, parce que c'est leur métier, de livrer des infos cohérentes et en bloc,  ne savent absolument pas de quoi il en retourne, et finalement confondent un peu plus l'écoute et la vivacité intellectuelle d'un auditoire qui ne peut que se dire, c'est simple, en Colombie, tout le monde crève.

Il serait bon, malgré la grande délicatesse qu'exige l'approche et l'analyse d'un tel conflit, d'au moins en souligner vigoureusement la complexité (comme l'ont fait Maribel Wolf et Maurice Lemoine, auteure et préfacier de La Colombie Ecartelée, excellent livre édité chez Terre des Hommes, que tous les journalistes devraient lire, afin de savoir au moins comment faire passer de telles infos). Ne pourrait-on pas un jour, entendre parler de la Colombie avec bon sens, avec mesure et compétence, sur les grandes ondes ? N'est- ce pas du dédain, voire une insulte, envers les combats qui sont menés sur le terrain pour la paix, que de ne signaler que ça, des charniers, sans même en exprimer l'obscure origine, la quotidienneté perfide, la symbolique dramatique d'un peuple privé de tombe, de cimetière, de mémoire ?

PS : Vous pouvez trouver également cette information sur le site du Nouvel Obs, suivie par quelques réactions éloquentes, dont la pertinence est au moins celle de la confusion qui règne sur le sujet...

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